La musique du mois : RAWSON – Eduardo AROLAS

Vous ne danserez probablement jamais une tanda d’AROLAS, les enregistrements de sa période (1917-1924) sont rares et de mauvaise qualité.

Pour autant il fait partie des maîtres qui ont contribué à l’évolution du tango argentin.

Eduardo AROLAS de son vrai nom Lorenzo AROLA est né en Argentine en 1892 dans la calle Vieytes du quartier de Barracas d’un couple d’immigrés français.

Son surnom est "El Tigre Del Bandoneon".

Sa virtuosité au bandonéon et l’agilité de sa main gauche lui ont permis de créer de nouveaux accords et un dialogue mélodique entre les sons des 2 caisses d’harmonie de l’instrument.

Les compositions musicales d’AROLAS sont d’une richesse mélodique beaucoup plus importante que celle de ses contemporains.

Il a composé en quelques années 116 œuvres répertoriées. Nombre d’entre elles ont été reprises par d’autres orchestres qui les ont ainsi transmises jusqu’à nos jours.

Il est à l’origine de la création de l’orchestre de type Sexteto.

Une de ses premières œuvres, composée en 1909 à l’âge de 17 ans est « Una noche de garufa », il l’a composée d’instinct sans savoir lire la musique. Il apprendra le solfège assidument à partir de 1913.

On peut citer quelques œuvres couramment passées lors des milongas, interprétées et réarrangées par ces orchestres :

· Adiós Buenos Aires

· Comme il faut

· Derecho viejo

· El Marne

· Fuegos artificiales

· La cachila. 1921

· Lágrimas

· Maipo

· Papas calientes

· Rawson

· Retintín

· Una noche de garufa

L’histoire d’AROLAS est marquée par sa rencontre à 20 ans avec l’amour de sa vie : Delia LOPEZ.

Il s’avère rapidement que cette rencontre est tumultueuse, marquée par les tromperies réciproques d’AROLAS et de Delia.

Ils vivent une vie de bohême où l’alcool est très présent.

En 1918, en pleine gloire, arrive le tournant de la vie d’AROLAS, Delia le trompe avec son grand frère Enrique et le quitte.

De cette double trahison, il ne s’en remettra jamais.

Il reçoit une proposition pour partir à Paris en 1919, il l’accepte, il y adaptera le tango argentin pour en faire le tango musette.

Delia lui manque, il rentre à Buenos Aires en 1921.

Il est impliqué dans la mort d’un enfant à Montevideo en janvier 1922, pour échapper au procès, il repart vers la France.

En 1924, il rencontre dans un cabaret à Paris où se produit son ami PIZZARO une danseuse, Bernadette, qui bien que fiancée, tombe amoureuse de lui.

Il est atteint d’une maladie pulmonaire et songe à rentrer en Argentine.

Son destin se joue dans la nuit du 9 septembre 1924 où il entre à l’hôpital Bichat dans un état grave, il y décèdera le 29 septembre.

Pour alimenter sa légende, il existe plusieurs versions de l’origine de sa mort :

- Le diagnostic officiel de l’hôpital Bichat : « Décès suite à une tuberculose pulmonaire ».

ð C’est somme toute banal pour l’époque.

- Il se développe une autre version alimentée par Bernadette et le poète Cadicamo dans laquelle AROLAS aurait été poignardé par le fiancé jaloux.

- Une variante de cette thèse est que le meurtre aurait été commandité par le fiancé et exécuté par 5 ou 6 maquereaux rue de Montmartre.

ð Cette thèse plus glorieuse vu le caractère romanesque du personnage est soutenue par le poète Horacio FERRER.

Une chose est sûre, le diagnostic de l’hôpital faisant foi, le fiancé de Bernadette n’a pas été inquiété par la police, le doute restera donc.