La Cicatriz: Un portrait de la décadence et de l’orgueil blessé
Dans le tango argentin, il existe le plus souvent de multiples interprétations d’une œuvre.
La milonga « La Cicatriz » qui a été enregistrée le 31/10/1939 par D’Arienzo avec la voix d’Alberto ECHAGUE est une exception à cette règle.
Le morceau de musique « La Cicatriz » de Juan d’Arienzo, chanté par Alberto Echagüe est une milonga qui raconte l’histoire d’un homme qui était craint et respecté dans son quartier, mais qui est tombé en disgrâce. Les paroles décrivent en un court récit comment ce personnage, un compadre, qui avait la réputation d’un macho a perdu son statut et n’est plus que l’ombre de ce qu’il était.
En Argentine le mot « compadre » est utilisé dans le langage populaire (en particulier sous la forme diminutive, compadrito ) pour signifier « vantard, grande gueule, tyran ».
La référence au quartier de La Aguada (à priori situé à Montevideo en Uruguay) suggère un contexte urbain et populaire dans lequel, à l’époque, la réputation et le respect se gagnaient et se perdaient dans la rue.
L’utilisation de la cicatrice comme symbole est centrale dans cette courte chanson.
La cicatrice, résultat d’une bagarre au « facon » (un couteau typique de la culture des gauchos) est la marque physique qui représente la chute sociale du protagoniste.
Cette blessure visible est un rappel constant de sa défaite et de la façon dont sa fureur et son pouvoir se sont évanouis. Les paroles suggèrent que maintenant il peut juste regarder les choses depuis son balcon, sans pouvoir participer activement à la vie du quartier comme il le faisait auparavant et y faire régner son ordre.
Le tango argentin comme genre artistique, explore souvent des thèmes tels que la nostalgie, la perte et le passage du temps. « La Cicatriz » reflète une variante de ces thèmes à savoir la mélancolie et la douleur d’un homme qui a été relégué à un rôle secondaire dans un environnement où il régnait en maitre.
L’interprétation d’Alberto Echague, avec sa voix puissante et émouvante ajoute une touche supplémentaire sur une musique joyeuse au drame du macho déchu.